Actes et prologue
Prologue
Des flamèches de lumières s’élancent sur les murs, dansant au gré des ornementations
et de la dentelle de la façade
Une cascade d’eau se déverse et laisse apparaître dans son sillage un temple antique, tel la rémanence d’une terre oubliée ayant autrefois précédé la Cathédrale millénaire.
Derrière le temple qui s’effrite, des entrelacs de racines tentaculaires enserrent la rosace, et s’élancent au niveau des piliers comme pour les asphyxier.
Immersion au cœur d’un univers fantasmatique, à l’aune de la Cathédrale…
ACTE 1
De nombreuses gargouilles, statues, jusque-là immobiles dans la pierre
se dégagent des murs, prennent vie, s’envolent sur la façade, et viennent au-devant des spectateurs. Cherchant des combinaisons cachées dans la pierre, elles actionnent alors un étrange mécanisme dans la rosace
La façade se met à se mouvoir, à se désarticuler, ses blocs pivotent, s’avancent, se rétractent : c’est la première transfiguration de l’édifice
Derrière, c’est un échafaudage tout en bois qui se découvre, avec de nombreux ouvriers, des maîtres de chantier qui dirigent l’incroyable érection de la Cathédrale il y a 1000 ans. Une feuille de parchemin vient recouvrir le chantier en construction, et des mains s’élancent : celles des architectes qui se sont succédé à travers les différentes étapes de la construction de la Cathédrale. Elles y tracent des lignes, qui peu à peu se superposent à l’actuelle architecture du monument.
La feuille est retirée/ froissée, le chantier de construction de la Cathédrale ne cesse de s’accélérer. Une des cloches est hissée. Notre Dame de STRASBOURG désormais est
née !
De subtiles polychromies s’emparent de toute la surface de projection, venant ciseler les moindres détails des sculptures, auréolant la façade entière : un vitrail inédit, fait d’emprunts aux vitraux de la Cathédrale, se mire ici sur le gré rose du monument.
Les couleurs froides se délitent ensuite au profit d’une composition beaucoup plus chaude
D’immenses tentures se déploient à la fin de l’acte sur les hauteurs de la Cathédrale, suspendues aux différents pans de la façade. Ce sont là des
drapés aux couleurs éclatantes, extraits pour partie des tapisseries intérieures, qui battent au vent, jusqu’à se dérober et disparaître dans les airs.
ACTE 2
A nouveau, les gargouilles et autres chimères s’élancent sur la façade.
Elles font rouler et tourner les blocs de pierre à la manière d’un mécanisme de coffre-fort.
Une nouvelle transfiguration s’empare de la façade, faisant surgir les automates et autres chérubins de l’emblématique Horloge Astronomique. Les automates courent alors sur d’imposants rouages, emportant la Cathédrale dans la déferlante des siècles. Un moment purement ludique.
ACTE 3
La résurrection du passé de la Cathédrale se fait à nouveau au gré de la magie des statues et gargouilles : celles-ci se réveillent et se déracinent en quelque sorte de leurs moulures, jusqu’à déclencher de nouveaux mécanismes.
Les murs de la cathédrale se mettent à basculer, à nous emporter vers d’autres mémoires de l’édifice.
La séquence dévoile des façades maçonnées autour d’architectures en pans de bois, rappelant les emblématiques maisons en colombages de style renaissance Rhénan.
Vient alors l’évocation des heures sombres de l’édifice, plongé dans le tourment des guerres successives. Des archers tirent de toutes parts, des soldats combattent en différents niveaux.
La lueur de flammes immenses, léchant jusqu’à la cime des lieux, embrase totalement l’édifice. Les trésors d’orfèvrerie de la Cathédrale, parés de pierres précieuses, disparaissent dans ce feu immense. Les gargouilles et autres chimères emblématiques s’échappent de cette vision d’Apocalypse.
Puis, commence l’entrée dans la longue nuit séculaire et silencieuse. Une tempête de neige s’abat sur l’édifice, virevoltant par endroits en d’inquiétants tourbillons. Jusqu’à ce que ce dernier se pétrifie dans l’étreinte d’une fantastique glaciation. Les têtes des statues de la façade s’effritent, les murs se lézardent, des crevasses tortueuses sillonnent la façade. Évocation allégorique des heures de la Révolution.
ACTE 4
Dans le sillage de l’éboulement de glace de la Cathédrale, apparaissent, comme un appel à la résurrection de l’édifice, les grandes orgues de Notre Dame.
La façade de la Cathédrale, à la manière de songes hallucinatoires, donne alors à voir des formes fantasmées et façonnés au gré des jeux de ces orgues, jusqu’à ce que la vie y grandisse dans une poésie totale faite d’éclosions de roses vertigineuses.
Une dernière transfiguration investit la façade, articulée autour des ferronneries fines et tortueuses qui viennent l’étreindre de manière vivante
Puis la façade s’ouvre à la manière de différentes petites portes. Derrière, la façade se sublime de manière contemporaine dans une explosion de couleurs et d’illusions, faite d’emprunts aux architectures emblématiques d’autres Cathédrale que Notre Dame de Strasbourg a si longtemps superbement surplombé par son gigantisme, en France comme à l’étranger : Strasbourg devient l’alchimie inédite des façades de Canterbury, du Saint Sépulcre à Jérusalem, de Nicosie à Chypre, de Chartres, Bourges, Notre-Dame de Paris, Sens….
ACTE 5
L’ensemble de la Cathédrale se recompose à la manière d’un fascinant « Tétris » où les statues, les blocs , les rosaces s’emboîtent les uns les autres, dans une danse éclatante.
Puis, dans une succession d’enluminures vivantes et spectaculaires, c’est un final tout en apothéose qui signe ce voyage à travers les âges et les architectures.
Jusqu’à ce qu’un effet pailleté redessine tout le squelette filaire de la façade, avant de se dissiper et rendre la Cathédrale à la pierre des bâtisseurs.